Monsieur le Ministre Van Quickenborne, Madame la Ministre Linard, Madame la Ministre Morreale,
Hier matin, une petite fille d’à peine 2 ans est décédée sous les coups de son beau-père à quelques centaines de mètres de ma maison à Frameries dans l’arrondissement de Mons-Borinage.
En tant que mandataire locale, mais également maman, je ne peux rester dans le silence.
Mes premières pensées vont aux familles de la victime, les autres sont pleines de colère et d’incompréhension.
Comment en 2021, ce genre de drame, dans un pays civilisé comme le nôtre, peut-il encore arriver?
Quelle est notre part de responsabilité? À nous, citoyens, et à nous politiciens?
Les violences intrafamiliales sont un fléau, en plus d’être accentuées par la situation sanitaire actuelle, elles le sont d’autant plus dans notre région à cause d’une situation économique et éducative extrêmement précaire!
En Wallonie, par exemple, ce ne sont pas moins de 15 000 plaintes pour violences conjugales qui ont été déposées en 2016. Cela fait 40 plaintes par jour!
Dans l’Union Européenne, au moins 850 enfants décèdent chaque année à la suite de maltraitances!
Des chiffres qui font froid dans le dos quand on sait qu’à l’heure d’aujourd’hui, la Belgique n’a toujours pas édicté de normes explicites à ce sujet, via une législation interdisant spécifiquement les châtiments corporels contrairement à d’autres pays comme la Suède, la Finlande ou encore l’Autriche.
En 1989, l’article 19 de la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant a proclamé le droit à une éducation sans violence. Aujourd’hui, ce droit est ancré dans la législation de dix-huit pays européens… Sauf en Belgique!
Diverses recherches internationales avancent que l’interdiction des châtiments corporels en Suède a favorisé le processus de réduction de la violence éducative et eu à cet égard une influence considérable sur l’opinion et le comportement des parents.
En Belgique, les outils de prévention mis en place ne suffisent plus! Ce ne sont que des sparadraps sur un état des lieux bien plus dramatique. D’autant que les professionnels de première ligne ne sont pas suffisamment formés pour comprendre la problématique de violence intrafamiliale et ses mécanismes.
Il est également urgent de repenser notre société, et notamment au travers l’école et l’éducation, en éliminant un maximum les rapports de force et la compétitivité. Favoriser les échanges et la connaissance de soi au travers des cours de citoyenneté, de communication non violente, de méditation ou encore de yoga. Enseignons dès aujourd’hui à nos enfants à “être” plutôt qu’à “faire”!
Aujourd’hui plus que jamais avec cette période d’épidémie qui conduit à un repli sur soi des familles pouvant masquer les drames potentiels aux professionnels ou aux sentinelles, je réclame au travers de cette lettre ouverte que les différents niveaux de pouvoir affirment une position claire en ce qui concerne les violences sur les enfants.
On sait par l’expérience des autres pays qui ont légiféré en ce sens, que cela a induit à terme un changement dans les mentalités. Cela permet de replacer l’enfant au centre des préoccupations sociétales, dans le respect de son intégrité physique et psychologique.
Nous ne pouvons plus rester indifférents et laisser nos enfants mourir sous les coups d’un proche!
Cordialement,
Hogne Maurane
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